La communication interne racontée aux enfants (et anciens enfants)

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Par Jean-Philippe Cathelin, fondateur de l’agence A Conseil, spécialisée dans la communication interne

Lorsque Manon, huit ans et demi, s’interroge sur la communication interne, ses réflexions pourraient bien éclairer nombre de lecteurs, y compris parmi les dirigeants et managers. Car, si communiquer requiert nombre de compétences, notre jeune narratrice ne manque pas de la plus essentielle d’entre elles : le bon sens.
En illustrant les enjeux de la communication au travail avec des histoires de famille, les auteurs, professionnels de la com, ont opté pour des points de vue pédagogiques sur un sujet complexe. Toutefois, qu’on ne s’y trompe pas : la facétie et le clin d’œil ne sauraient masquer l’universalité (ni la pertinence) du propos. Et comment faire naître, puis entretenir, l’envie de mieux coopérer dans le travail, telle est en fait l’ambition présente.

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Description

Une approche décomplexée de la communication interne

Par Jean-Philippe Cathelin, fondateur de l’agence A Conseil, spécialisée dans la communication interne


La fois où on a fait un brainstorming

Tout a commencé quand Papi a téléphoné à la maison parce que c’était bientôt l’anniversaire de Mamie et qu’il fallait lui faire la surprise dimanche. Papa a murmuré « oh non ! » en frottant son visage avec ses deux mains, mon frère Léo a eu la même expression que lorsque Maman lui demande s’il a bien fait ses devoirs, Maman a répondu qu’on viendrait avec plaisir et Dark Vador a aboyé trois fois (mais ça, c’était juste parce que Dark Vador est content quand il aboie).

Quand Maman a raccroché, Papa a dit qu’on n’allait quand même pas se taper trois cents bornes pour aller voir ses parents ce week-end alors qu’il était en pleine charrette avec son boulot. Léo a ajouté qu’il avait une dissertation super-difficile, que son prof de français était un sadique, et qu’il ne faudrait pas venir se plaindre. Moi, je me suis souvenue que Papa et Léo s’étaient promis de passer un week-end entier sur la console ; alors j’ai compris que Charrette et Dissertation étaient des modèles de voitures dans le nouveau jeu « UltraCourse 2 ».

Puis, il y a eu un grand silence, juste après que Maman a dit : « Bon, mais qu’est-ce qu’on va lui offrir comme cadeau d’anniversaire, à ma mère ? ». Tout le monde a retenu sa respiration en regardant fixement ses chaussures, même Dark Vador qui n’en a pas. Alors Maman a respiré très fort, elle est allée chercher mon tableau blanc et elle a dit : « Allez, faites un effort, on va faire un brainstorming ! » Papa lui a demandé si son boulot dans la cominterne ne lui montait pas un peu à la tête et je voudrais bien savoir en quoi ça consiste, la cominterne. S’il y a des gaz toxiques qui montent à la tête de ma Maman, j’aimerais mieux qu’elle trouve un meilleur travail.

Ce qui m’a un peu rassurée, c’est que Maman n’a pas eu l’air de prendre l’histoire des vapeurs au sérieux. Elle nous a expliqué qu’un brainstorming, c’est quand tout le monde donne les idées qui lui passent par la tête, même les plus farfelues. On note tout et à la fin, on en garde une et c’est la bonne.
– Je reprends, elle a dit. Qui a une idée de cadeau pour Mamie ?
– Un week-end à Dis…, j’ai tenté, mais Léo m’a coupé la parole :
– Un livre ?

Maman a écrit « livre » sur le tableau. Papa a observé que Mamie achète tout le temps des livres et qu’on avait tous les risques de tomber sur un qu’elle aurait déjà fini de colorier, puis il a éclaté de rire. Mais quand il a vu le regard de Maman, il s’est arrangé une tête sérieuse et il a proposé : « Un bijou ? ». Maman a écrit « bijou ». Au bout de cinq minutes, il y avait douze idées sur le tableau : « livre », « bijou », « repas au restaurant », « kimono », « cafetière expresso », « poisson rouge », « écharpe », « œuvre d’art », « stage photo », « abonnement au cinéma », « vélo » et « friteuse » (la friteuse, c’était une proposition de Léo qui trouve qu’on ne mange pas souvent des frites chez les grands-parents).

Maman a relu toutes les idées, puis elle a relancé le brainstorming : « Il faudrait qu’on trouve quelque chose de personnel. Vous n’auriez pas une idée de cadeau qui fasse vraiment plaisir ? » Alors j’ai tenté de nouveau : « Un week-end à Disneyland ! » parce que moi, si on m’en offrait un, je serais drôlement contente. Papa a rigolé, Léo m’a lancé une boulette de papier à la figure en me traitant de bolosse et Maman leur a fait les gros yeux. « Je vous l’ai déjà dit, les garçons : dans un brainstorming, on doit écouter tout le monde et noter toutes les idées, même si elles semblent farfelues ».

On a continué comme ça un moment, puis Papa a dit qu’on prenait le problème à l’envers : est-ce que quelqu’un se souvenait d’avoir entendu Mamie dire que quelque chose lui ferait plaisir ? Léo a répondu : « Ben oui, tu sais bien ! Elle se plaint tout le temps de ne pas voir assez ses petits-enfants parce qu’on habite trop loin ». Maman a fait un bruit bizarre avec sa bouche en réfléchissant très fort, puis elle s’est retournée vers le tableau et elle a entouré trois fois mon week-end à Disneyland.

« C’est sûr que si on lui offrait un week-end là-bas avec nous deux, Léo et moi, ça lui ferait un beau cadeau de rigoler avec nous pendant deux jours ! », j’ai argumenté. Maman s’est écriée : « Hey ! Mais Manon a raison ! » et Papa s’est penché vers moi pour demander : « Tu veux dire un week-end sans Maman et moi ? » d’un air intéressé.

Le dimanche, Mamie était très contente en ouvrant son cadeau avec les billets pour Disneyland dedans, alors nous aussi. Mais quand Maman a dit qu’on avait trouvé l’idée en faisant de la cominterne à la maison, je me suis demandé s’il fallait s’inquiéter, à cause des vapeurs.

[EXPLICATION DE TEXTE : Le brainstorming]

Plusieurs études ont voulu prouver – en vain – que dix personnes réfléchissant chacune de son côté trouveront davantage d’idées que si elles le font en groupe. Mais ces travaux négligeaient les deux atouts essentiels de l’exercice : la possibilité de faire surgir les propositions apparemment les plus
saugrenues (donc, parfois les plus innovantes) et la façon dont un brainstorming bien mené renforce la cohésion d’une équipe, parce qu’une idée issue d’un atelier collectif est plus largement adoptée (et appliquée) par l’ensemble des participants que si elle est imposée par un individu isolé.

En pratique

Les quatre règles essentielles du brainstorming :

  1. Ne pas critiquer*
  2. Se laisser aller
  3. Rebondir sur les idées exprimées
  4. Et obtenir un grand nombre de propositions

*La phase « critique des idées », dissociée du bouillonnement initial doit n’intervenir qu’en fin de cycle.

Informations complémentaires

Poids 183 g
Dimensions 1 × 13,5 × 21 cm
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